Ça s'insinuait en moi comme une sourde fièvre, ça se mettait à suinter de partout, à couler le long de mes jambes, au bout de mes cheveux, ce mal délicieux, cette tendre possession, à tel point présent que j'en oubliai mes clopes.
Heureusement qu'elles eurent un sauveur ce soir, un message, vas-y je remonte. Même pas aperçu...
Plus importantes, plus impérieuses que la fumée couvrant mes alvéoles, mes veines coulaient de l'écrit et je parlais toute seule, je marmonnais en remuant à peine les lèvres alors que je ramenais la petite en lui portant son vélo d'une main et enroulant son petit poignet de l'autre.
Ça me coulait de partout comme une humeur poivrée et élastique et ces images de ventricules qui écoutent des histoires, je pensais à cette scène de Parle avec elle, j'avais l'absence almodovarienne, la rêverie almodovénerienne, ça me suintait des narines et des yeux, je te raconte pas l'état plus bas, ça serait indécent et je ne mentionne qu'à reculons le bouillonnement de l'intérieur.
Tout ça tu le sais. Mais comment le sais-tu alors que je l'ignore ?
J'aime bien quand tu vois l'avenir, quand tu flaires l'écrit qui coule de mes veines.
Alors ce refrain à demi murmuré, à moitié réfréné, cette litanie et cette plongée intraveinarde ou sous-veineuse.
Je commence à avoir des hallus littéraires.
Veine et Noeud. Par exemple.
Ça ferait un sacré titre pour une nouvelle porno, l'histoire de Veine et Noeud reste encore à écrire mais je sens bien qu'on tient un truc.
Tu vois le modèle des hallus que je me paye ?
Elles mettent des heures à s'écailler de ma caisse de résonance, alors je marmonne, j'annone jusqu'à ce que l'écrit sorte de mes veines.
Écriveine. Putain de merde.
BO. 1885 (96° in the shade), Third World
BO. 1885 (96° in the shade), Third World