J'ai le cahier. Modérément épais, pas noir. Bleu et orange. On dirait une eau troublée de reflets.
J'ai le cahier. Comme on pourrait dire " j'ai la balle !". Essoufflée. J'ai le cahier. On dirait une eau troublée de reflets, au fond algueux et louvoyant, il accroche des rayons de lumière dans sa vase.
C'est un joli cahier des marais.
C'est un joli îlot où s'asseoir pour écouter les cigales, niquer les moustiques et sentir le mimosa, c'est un cahier de bord de rivière.
J'ai le cahier et quand je regarde sa couverture, j'ai envie de me mettre nue et d'aller nager. Ce que finalement je fais. En écrivant dans le cahier.
Chaque mot est un morceau de peau découvert. Fond touché à chaque phrase, vase remuée, sable en suspension. Point. Je remonte. Sillage de bulles.
C'est un joli cahier, qui accroche des fragments de lumière comme autant d'éclats d'or sur l'onde.
C'est un cahier de matin calme, avec de la place pour s'y dénuder à loisir et s'y étendre de tout son long et s'y éprendre de tout son saoûl, c'est un tapis oublié à l'ombre des saules ou des pins parasols.